L’étape de Formigal 2016 était restée dans les mémoires pour un numéro réalisé par Alberto Contador aux dépens de Chris Froome, alors condamné de se contenter de la deuxième place derrière Nairo Quintana. Quatre ans après, les acteurs ont changé, la chaleur accablante a laissé place à une pluie glaçante, mais la montée à la station pyrénéenne a occasionné des bouleversements dont se rappelleront les protagonistes comme les téléspectateurs. Cette fois-ci, la formation Ineos a été la grande gagnante de la journée, pas avec Chris Froome mais avec Richard Carapaz, qui est parvenu à désarçonner Primoz Roglic dans les derniers kilomètres d’ascension pour aller s’emparer de La Roja. L’Equatorien réalise la meilleure opération de la journée mais devra maintenant composer avec la menace de Hugh Carthy, lui aussi offensif dans le final, et qui s’invite dans le débat pour la gagne avec un retard de 18’’ sur le nouveau leader à la journée de repos. Juste avant, c’est Ion Izagirre qui est allé s’imposer sur l’arrivée de Formigal en déposant dans les trois derniers kilomètres les résistants de l’échappée du jour. Le coureur basque complète sa collection après avoir déjà levé les bras sur le Giro d’Italia et le Tour de France.
23 coureurs dans l’échappée
Après le forfait de Fernando Barcelo, il reste 163 coureurs dans le peloton au départ de Biescas, dont beaucoup sont convaincus de l’intérêt de prendre l’échappée du jour Rémi Cavagna (Deceuninck-Quick Step) fait partie des plus entreprenants, dès le km 6 avec Magnus Cort (Education First) et Remy Mertz (Lotto-Soudal), puis en solitaire, avant d’être rejoint au km 26 par Cattaneo (Deceuninck-Quick Step), Costa, Henao (UAE), Power, Storer, Sütterlin (Sunweb), I.Izagirre, G.Izagirre (Astana), Van Baarle (Ineos Grenadiers), Cort, Woods (Education First), Jauregui (AG2R), Zimmermann (CCC) G.Martin, Lafay, Perichon (Cofidis), Valgren (NTT), Arcas, Verona (Movistar), Hivert (Total Direct Energie), Amezqueta (Caja Rural-Seguros RGA) et Cabedo (Burgos-BH). C’est donc un groupe imposant de 23 coureurs qui se détache et rentre dans l’ascension à l’Alto de Petralba avec un avantage de 3’10’’, contrôlé par la formation Jumbo-Visma.
Roglic momentanément piégé
L’avantage de l’échappée augmente jusqu’à 3’45’’ au sommet, permettant même à Gorka Izagirre de prendre virtuellement les commandes du classement général, mais la vigilance des coéquipiers de Primoz Roglic n’est pas prise en défaut. Les 23 échappés obtiennent un avantage maximal de 4’20’’, mais la situation est rétablie au Puerto Cotefablo, où Guillaume Martin poursuit sa collecte de points. Le peloton y passe avec 3’30’’ de retard. Dans la foulée, Gorka Izagirre exploite la descente pour s’échapper en solitaire et creuse un avantage d’une trentaine de secondes sur ses anciens compagnons de route. Pendant ce temps, une accélération conjointement menée par Ineos Grenadiers et Movistar scinde le peloton et éjecte momentanément Primoz Roglic, qui comble son retard avec l’aide de George Bennett et retrouve sa place à 21 km de l’arrivée.
Si ce n’est toi…
En entrant dans l’ascension finale, l’homme de tête s’accroche à une vingtaine de secondes d’avance sur un premier groupe de poursuivants, réduit à 9 coureurs avec Costa, Power, Storer, I.Izagirre, Van Baarle, Woods, Zimmermann, G.Martin et Valgren. A 10 km de l'arrivée, il a toujours 15’’ d’avance mais le peloton emmené par Movistar se rapproche à 2’30’’. Gorka est repris par ce groupe de poursuite, mais son frère Ion réplique à 3 km de l’arrivée et va chercher en solitaire et sous la pluie sa première victoire sur La Vuelta. Derrière lui, les hostilités dans le groupe des favoris sont lancées à 8 km de l’arrivée par Marc Soler, qui entame la décomposition de peloton des favoris. Le porteur de La Roja montre rapidement quelques signes de faiblesse, qui sont exploités par David Gaudu par exemple, mais surtout par Esteban Chaves, qui accélère quant à lui à 3,5 km du but. Surtout, Richard Carapaz et Hugh Carthy profitent de la faille entrevue et creusent un écart qui permet à l’Equatorien de mettre la main sur La Roja et au Britannique de prendre la deuxième place du classement général.
