La Vuelta 11: l'édition qui a changé l'histoire du cyclisme mondial

© PHOTO: GRAHAM WATSON 2011

La Vuelta s’apprête à célébrer à sa 75e édition. Pas besoin de se plonger trop profondément dans la chronologie pour en trouver une qui a eu un impact phénoménal sur l’histoire du cyclisme mondial : en 2011, Chris Froome et Peter Sagan, les deux grands champions de la décennie écoulée, ont jeté en Espagne les bases de leur mirifique carrière.

La première Vuelta des années 20 partira d’Irún, en Guipuzcoa, le 20 octobre, en direction d’Arrate (Eibar). On se souviendra alors que, dix éditions plus tôt, la ronde espagnole a effectué son retour en Pays Basque après trente-trois ans d’absence. En 1978, l’année de la première victoire finale de Bernard Hinault, la dernière étape avait dû être annulée à San Sebastian en raison de manifestations et le retour dans la région autonome s’est opérée de la plus belle manière possible, avec la victoire en solitaire, sur la Gran Vía de Bilbao, de l’enfant du pays Igor Antón. Sa connaissance du terrain, particulièrement de la côte d’El Vivero, envahie par une foule enthousiaste, lui permit de se venger de la malchance de l’année précédente lorsque, vêtu du maillot rouge de leader, il fut contraint à l’abandon sur chute à une semaine de l’arrivée. Le lendemain, la 20e étape se disputa entièrement au Pays Basque, avec un mémorable triplé italien à Vitoria : 1. Daniele Bennati, 2. Enrico Gasparotto, 3. Damiano Caruso.

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Il y avait un très haut niveau de sprint dans ce peloton, à tel point que ni Alessandro Petacchi ni Óscar Freire ne parvinrent à engranger une seule victoire. Il faut dire que peu de parcours se prêtaient à l’expression des purs sprinters et que deux jeunes ont explosé à cette occasion. Avant que Marcel Kittel inscrive à Talavera de la Reina (7e étape) sa première victoire dans un Grand Tour (18 allaient suivre), le grand public a découvert à Cordoue (6e étape) le phénomène Peter Sagan, qui comptait déjà une quinzaine de succès à son palmarès professionnel mais effectuait là ses débuts dans une course de trois semaines.  Dix mois avant son triplé assorti du maillot vert à son premier assaut sur le Tour de France 2012, le Slovaque s’est également imposé à Pontevedra (12e étape), malgré un saut de chaîne, et le dernier jour à Madrid. Il aurait probablement entamé en Espagne sa longue domination des classements par points sans la méprise d’un coéquipier de Bennati qui confondit, à l’approche du dernier rond-point à Haro (16e étape), la route de la course et la voie de dérivation des voitures suiveuses, divisant en deux le peloton des finisseurs, si bien que le maillot vert, porté cinq jours par Sagan, s’est joué entre Joaquim ‘Purito’ Rodríguez et Bauke Mollema, le Hollandais prenant le meilleur sur le Catalan dans le tout dernier sprint (9e).

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Le classement du meilleur jeune n’était pas en vigueur sur La Vuelta 11, mais à 24 ans, Mollema, 3e du classement général final, était bien le premier de la catégorie U26 car Chris Froome, la vraie grande révélation de l’épreuve, avait déjà 26 ans. Le Britannique, perturbé au début de cette année-là par la bilharzia, maladie parasitaire attrapée en Afrique, n’était que remplaçant dans le Team Sky engagé au départ de Benidorm. Il était en fin de contrat, sans avenir bien clair, et il a dû son inclusion de dernière minute dans l’équipe à la défection du Norvégien Lars-Petter Nordhaug. Il courait en gregario de Bradley Wiggins, le leader, et a cru commettre un crime de lèse-majesté en endossant à sa place le maillot rouge sur la place Mayor de Salamanque au terme du contre-la-montre (10e étape). Dès le lendemain, il a oublié son statut pour se remettre au service du futur vainqueur du Tour de France 2012. Adoubé par Wiggins qui s’est rendu compte qu’il était plus fort que lui dans les côtes à fort pourcentage, Froome a remporté à Peña Cabarga (17e étape) son premier succès dans un Grand Tour. Après La Vuelta 11 dont il a été déclaré vainqueur, il est devenu le super champion des courses de trois semaines de sa décennie, ajoutant quatre Tour de France(2013, 2015, 2016, 2017), La Vuelta 17 et le Giro 2018 à son tableau de chasse.

La Vuelta 11 reste aussi celle du record du nombre de coureurs ayant porté La Roja : 9 (Jakob Fuglsang, Daniele Bennati, Pablo Lastras, Sylvain Chavanel, Joaquim Rodríguez, Bauke Mollema, Chris Froome, Bradley Wiggins et Juanjo Cobo). C’est encore celle de la première victoire d’étape dans un Grand Tour (à La Covatilla, 9e étape) de l’Irlandais Dan Martin, autre coureur qui allait marquer les années 10.

 

Et elle vit la première participation à La Vuelta d’un Japonais, Yukihiro Doi, coéquipier de Marcel Kittel chez Skil-Shimano. Il a terminé l’épreuve, de même que l’édition suivante.

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