Le parcours de La Vuelta 23: Tourmalet et Angliru, histoire et modernité

C’est une Vuelta en forme olympique qui s’élance de Barcelone en ce dernier week-end d’août, pour la deuxième fois seulement de son histoire à partir de la mégapole catalane (après la 17e édition en 1962). 

Les quartiers généraux de l’épreuve s’installent au Pavillon de La Mar Bella, site des compétitions de badminton lors des J.O. de 1992, et au lendemain du contre-la-montre par équipes inaugural autour du port olympique, une première arrivée destinée aux puncheurs est tracée sur la colline de Montjuich aux abords du stade olympique Lluis Companys qui résonne encore des exploits de Carl Lewis, Linford Christie et autres Javier Sotomayor en athlétisme. C’est l’antre du FC Barcelone cette saison pour cause de travaux au Camp Nou. Il est mondialement admis que le sport a transformé favorablement cette ville au cours des trois dernières décennies. 

Les deux derniers vainqueurs de La Vuelta, Primoz Roglic en 2019, 2020 et 2021 et Remco Evenepoel en 2022, sont les champions olympique et du monde en titre en contre-la-montre. Leur duel dans cette spécialité, à Valladolid le 5 septembre, fait saliver à l’avance les connaisseurs mais le kilométrage (25) laisse supposer que « Pucela » (surnom de la ville de Castille-et-Léon) ne déterminera pas forcément le récipiendaire de La Roja (le maillot rouge de leader) sur la place de Cybèle à Madrid le 17 septembre, tant les montagnes à suivre sont propices à des batailles de haute lutte.

Une fois encore, La Vuelta explore cette année des difficultés inhabituelles. Cinq des dix arrivées au sommet sont inédites : Arinsal, en Andorre (3e étape, avec le franchissement du col d’Ordino qui exige de la part des protagonistes une condition optimale d’entrée de jeu), Caravaca de la Cruz, dans la région de Murcie (9e étape), Larra-Belagua, en Navarre (14e étape), Bejes, en Cantabrie (16e étape), et la Cruz de Linares, dans les Asturies (18e étape). Mais les deux fleurons du parcours sont des sites légendaires du sport cyclistes : col du Tourmalet et Alto de l’Angliru. Ils devaient déjà former les deux rendez-vous majeurs de La Vuelta 20 jusqu’à ce que les autorités françaises ferment les routes de la course au rebond de la pandémie de Covid-19. Cette fois, ils sont séparés de cinq jours, les 8 et 13 septembre (13e et 17e étapes). 

Le Tourmalet est le col le plus visité par le Tour de France : 80 fois, depuis le premier passage par les Pyrénées en 1910. Le Norvégien Tobias Halland Johannessen s’y est présenté en tête le mois dernier. Jonas Vingegaard y a conquis définitivement le Maillot Jaune, premier du groupe des favoris au sommet lors de la 6e étape, mais La Vuelta l’emprunte dans le sens opposé, par son versant ouest à partir de Luz-Saint-Sauveur. Là-haut, trônent la stèle de Jacques Goddet, le patron historique de la Grande Boucle, et la statue d’un cycliste nu appelé « le géant ». C’était, dans les années 60, le col fétiche de Federico Martín Bahamontes, le premier Espagnol vainqueur du Tour, récemment décédé à 95 ans. Avant La Vuelta 23, le Tour de France Femmes avec Zwift a également installé une ligne d’arrivée au sommet du Tourmalet qui a consacré la Hollandaise Demi Vollering.

Si le col mythique du département français des Hautes-Pyrénées est ancré dans l’Histoire, l’Alto de l’Angliru, dans les Asturies, est empreint de modernité. Autant les pentes du Tourmalet sont régulières, surtout versant ouest, autant celles de l’Angliru imposent des changements de rythme. Aux trois premières visites de La Vuelta, en 1999, 2000 et 2002, les pentes maximales de 23,5% au niveau de la Cueña les Cabres paraissaient monstrueuses. Depuis, les avancées technologiques arrivées par le VTT ont rendu l’exercice plus accessible. Alberto Contador y a remporté sa toute première et sa toute dernière étape sur la ronde espagnole (en 2008 et 2017). Hugh Carthy, en 2020, s’est inscrit comme le huitième et dernier vainqueur de l’Angliru à ce jour. Roglic, vainqueur final, y avait momentanément perdu La Roja, ce qui autorise aux purs grimpeurs les ambitions les plus élevées. 

La grande équation de La Vuelta 23 est donc de savoir si elle se gagnera au Tourmalet et se défendra à l’Angliru, ou l’inverse. Plus subtilement, il conviendra aux candidats à la victoire finale de ne pas perdre au Tourmalet puis d’imposer un leadership dans les Asturies, non seulement à l’Angliru mais aussi le lendemain, avec la double ascension du Puerto de la Cruz de Linares. Mais attention, La Vuelta a toujours un dernier tour dans son sac. À la veille de l’arrivée, pas moins de dix ascensions sont répertoriées dans la Sierra de Guadarrama sur une distance inhabituelle de plus de 200 kilomètres qui en fait l’étape la plus longue de la course. Cela rappelle l’avant-dernière étape tracée en Galice en 2021, tout indiquée pour un rebondissement de dernière minute !

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