Toutes les premières victoires sont mémorables, mais celle de Giulio Pellizzari (Red Bull-Bora-Hansgrohe) le sera tout particulièrement. Le jeune grimpeur de 21 ans n’avait jamais levé les bras sur un Grand Tour, ni même sur le circuit professionnel. Entré dans la redoutable ascension finale de l'Alto de El Morredero avec ni plus ni moins que Jonas Vingegaard (Visma-Lease a Bike), Joao Almeida (UAE Emirates XRG), Tom Pidcock (Q36.5), Jai Hindley (Red Bull-Bora-Hansgrohe) et Matthew Riccitello (Israel-Premier Tech), l’Italien n’a souffert d’aucun complexe d’infériorité. Mieux : il les a laissés sur place à 3,4 kilomètres de l’arrivée, s’envolant vers un premier succès de prestige sur les pentes de la 17e étape de La Vuelta 25. Le héros du jour conforte également son maillot blanc, alors que La Roja reste sur les épaules de Vingegaard qui gagne 2 secondes vis-à-vis de son dauphin Almeida (50 secondes d’écart au général). Les deux hommes furent toutefois parmi les moins rapides du groupe de tête, cédant le podium du jour à Pidcock (2e) et Hindley (3e) derrière Pellizzari. Ce dernier est le plus jeune coureur à s'imposer sur La Vuelta depuis Tadej Pogacar (UAE Emirates XRG), qui est aussi son idole. Il signe la première victoire de l'Italie en deux ans, la dernière remontant à celle de Filippo Ganna lors du contre-la-montre de Valladolid... où le peloton se rendra demain pour un nouveau chrono potentiellement capital.
Jamais deux sans trois pour La Vuelta : après 1997 (Roberto Heras) et 2006 (Alejandro Valverde), la course arrive au sommet de l’Alto de El Morredero pour la troisième fois de son histoire, mais en empruntant une nouvelle route longue de 8,8 km à 9,7 %. « Ce sera une grande bataille pour le classement général », annonce Jai Hindley (Red Bull-Bora-Hansgrohe) au départ d’O Barco de Valdeorras. « L'échappée ira au bout car les leaders auront ensuite une journée très difficile avec le contre-la-montre demain », opine Juan Guillermo Martinez (Picnic PostNL). Qui aura raison ? Réponse dans 143,2 kilomètres.
Une échappée bien contrôlée
Les attaques fusent dans les 20 premiers kilomètres mais elles sont toutes contrées, alors que La Vuelta 25 quitte la Galice pour la communauté autonome de Castille-et-Leon. Douze hommes parviennent finalement à s’échapper : Joel Nicolau (Caja Rural-Seguros RGA), Sergio Samitier (Cofidis), Gijs Leemreize et son coéquipier Timo Roosen (Picnic PostNL), Brandon Rivera (Ineos Grenadiers), Madis Mihkels (EF Education-EasyPost), Antonio Tiberi (Bahrain Victorious), Harold Tejada (XDS Astana), Patrick Gamper (Jayco AlUla), Luca Van Boven (Intermarché-Wanty), Jonas Gregaard (Lotto) et le Français Léandre Lozouet (Arkéa-B&B Hotels). Aucun n’a jamais gagné sur un Grand Tour.
Personne n’est dangereux au classement général – le mieux placé est Tejada (13e) mais les Visma-Lease a Bike ne laissent pas de marge. Le peloton contrôle l’échappée en lui concédant un peu moins de 2 minutes d’avance. Nicolau passe en tête au Paso de las Traviesas (km 75,1), Van Boven prend le sprint intermédiaire d’Almazcara (km 100), et les coureurs avancent ensemble vers l’Alto de El Morredero.
Les favoris se retrouvent
Le groupe de tête se fragmente finalement à 23 kilomètres de l’arrivée sous l’impulsion de Tiberi. Tejada le suit, puis Samitier et Leemreize les rejoignent, mais le peloton n’a pas l’intention de leur laisser la moindre chance. Les Red Bull-Bora-Hansgrohe prennent les choses en main pour Jai Hindley (4e) et Giulio Pellizzari (5e), et sifflent la fin de l’échappée à 12 kilomètres de l’arrivée. Ils parviennent aussi à mettre en difficulté Felix Gall (Décathlon-AG2R La Mondiale), face à qui ils disputent le top-5 du général. La route s’élève et l’Alto de El Morredero fait des dégâts dès ses premiers hectomètres. Ils ne sont bientôt plus que six en tête : Vingegaard, son dauphin Joao Almeida (UAE Emirates XRG), Tom Pidcock (Q36.5), Hindley qui place les premières attaques, le maillot blanc Pellizzari et son rival pour cette tunique Matthew Riccitello (Israel-Premier Tech). Tous sont membres du top-7 du classement général.
Pellizzari désarme les favoris
Hindley relance plusieurs fois le rythme dans l’ascension, mais ses adversaires suivent à chaque fois. Son coéquipier Pellizzari prend la relève en se dressant sur les pédales à 3,4 kilomètres de l’arrivée. Les autres mettent du temps à réagir et 10 secondes les séparent quand ils se mettent en marche. L'Italien ne faiblit pas et avance mètre par mètre vers une première victoire mémorable, lui qui n'a jamais gagné sur le circuit professionnel.
Maillot blanc conforté, Pellizzari s'impose devant Pidcock (+16") et Hindley (+18"), meilleurs que Vingegaard (+20"), Almeida (+22") et Riccitello (+26"). La Roja reste sur les épaules du Danois qui compte désormais 50 secondes d'avance sur Almeida à la veille du contre-la-montre de Valladolid.