- Jonas Vingegaard, à sa troisième participation, est le grand favori de La Vuelta 25.
- Pour les 90 ans de La Vuelta et sa 80e édition (23 août-14 septembre) qui sera le 300e Grand Tour de l’histoire du cyclisme, le mythique Alto de l’Angliru est de retour, pour la 10e fois, et le double vainqueur du Tour de France Jonas Vingegaard également. Leurs destins sont étroitement liés !
- Jonas Vingegaard a escaladé l’Angliru comme équipier de Primoz Roglic en 2020 et lors du triplé de Jumbo-Visma en 2023 avec Sepp Kuss et Primoz Roglic.
Depuis 2017, lorsqu’Alberto Contador a couronné sa magnifique carrière en s’imposant, comme en 2008, au sommet de l’Angliru, La Vuelta a emprunté à deux reprises le géant des Asturies, ses 12,3km à 10,1% et son fameux passage de la Cueña les Cabres à 23,5%, en 2020 et en 2023. Cela correspond aux deux participations de Jonas Vingegaard à la ronde espagnole.
La première fois, c’était le 1er novembre de l’année de la pandémie de Covid-19. Vingegaard, 23 ans, disputait son premier Grand Tour, au service de Primoz Roglic. Il comptait une seule victoire pro à son palmarès (une étape du Tour de Pologne 2019). Roglic, vainqueur sortant de l’épreuve, défendait son maillot rouge (La Roja) face à Richard Carapaz. De fait, il le perdit à l’Angliru mais en limitant grandement les écarts grâce à l’aide de ses coéquipiers. Entre Robert Gesink et Sepp Kuss, les lieutenants du Slovène en montagne, s’était incrusté un nouveau pion dans le dispositif de Jumbo-Visma, un coureur plus chétif, inattendu : le Danois Vingegaard. On le revoit sur les image de la 12e étape traîner son leader dans son sillage dans la montée de l’Angliru. 3,5km avant le sommet, Vingegaard s’écarte, laissant à Kuss le soin de finir le travail, suffisant pour que Roglic récupère le leadership pour de bon, le lendemain, à la faveur du contre-la-montre menant au mirador de Ézaro.
Vingegaard fut si efficace au service de Roglic sur La Vuelta 20 remportée pour seulement 24 secondes que le Slovène réclama qu’il remplace Tom Dumoulin dans l’effectif conçu longtemps à l’avance pour le Tour de France 2021, avant que le Hollandais, vainqueur du Giro 2017, mette sa carrière sur pause. La suite est connue : deux chutes de Roglic ont promu Vingegaard leader de Jumbo-Visma pour une deuxième place à Paris en 2021, qui annonçait ses deux victoires finales en 2022 et 2023.
Revoilà ce que déclarait Vingegaard en flash-interview à Salamanque le 6 novembre 2020, quelques secondes avant de prendre le départ de la 16e étape qui allait voir la victoire de son compatriote Magnus Cort à Ciudad Rodrigo, au sprint devant Roglic : « J’essaie seulement d’aider Primoz autant que possible. Je pense que j’ai surpris le public, mais aussi moi-même et l’équipe ici en Espagne. Je sais que j’ai un haut niveau quand je suis au mieux de mes capacités mais je ne crois pas que j’ai encore atteint mes limites sur cette Vuelta. »
Pour la cinquième fois d’affilée, le Danois a terminé cette année dans les deux premiers du Tour de France, encore deuxième derrière Tadej Pogacar, mais il répète depuis plusieurs années que la course au Maillot Jaune n’est pas la seule qui guide sa carrière et l’on sent une grande tendresse dans sa voix quand il dit qu’il veut « aussi remporter La Vuelta a España ». Il précise toujours « a España » et l’on sent qu’il aime ce pays où il a aussi gagné l’Itzulia, au Pays basque, et à deux reprises O Gran Camiño, en Galice, deux régions de grande tradition cycliste visitées La Vuelta 25, avant et après l’Angliru.
Il y a deux ans, Vingegaard s’était imposé au col du Tourmalet (13e étape) et à Bejes (16e étape) à la veille d’affronter l’Angliru. Il était alors deuxième au classement général, à 29’’ de son coéquipier Sepp Kuss tandis que Primoz Roglic pointait à 1’33’’. Dans le camp de Jumbo-Visma, l’idée était encore que le plus fort des trois devait remporter La Vuelta. Au sommet de l’Angliru, Roglic et Vingegaard ont coupé la ligne dans cet ordre, suivis par Kuss à 19’’, mais en donnant l’impression de courir les uns contre les autres. « Aucun de nous trois n’a apprécié notre manière de courir, a raconté le Danois depuis lors. Le management de l’équipe n’a pas apprécié non plus et on s’est dit qu’on devait arrêter ça, qu’on ne pouvait pas courir les uns contre les autres à l’intérieur de l’équipe. Moi, c’est ce que je voulais déjà pendant le deuxième jour de repos. J’étais troisième et content de rester à cette place. J’avais demandé à ce qu’on ne s’attaque pas et qu’on se batte seulement contre nos adversaires. Fort heureusement, après l’Angliru, la direction nous a dit : maintenant c’est fini et on doit garder le classement tel qu’il est. On ne saura jamais lequel de nous trois était le plus fort dans cette Vuelta… »
Mais le fait est que Vingegaard, 2e en 2023, n’a pas encore inscrit La Vuelta à son palmarès. Aucun Danois n’a du reste remporté l’épreuve depuis sa création en 1935. La Roja n’a plus été portée par un Danois depuis que Jakob Fuglsang l’a endossée au soir du contre-la-montre par équipes inaugural en 2011. Vingegaard peut encore entrer dans l’histoire…
